Plafonds de Verre

Voici des statistiques d'années récentes illustrant sept défis, ou plafonds de verre, auxquels font face les individus d'origine africaine, notamment les professionnels, résidant en France.
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Discrimination à l'embauche selon l'origine
Une étude de 2020 a révélé que, à compétences égales, les candidatures portant un nom à consonance maghrébine ont 31,5% de chances en moins d'être contactées par les recruteurs par rapport à celles portant un nom à consonance française. Pour recevoir le même nombre de réponses positives, une personne dont le prénom et le nom sont à consonance maghrébine doit envoyer en moyenne 1,5 fois plus de candidatures, et souvent jusqu'à deux fois plus, qu'une personne ayant le même profil mais dont le prénom et le nom sont à consonance française. Ces données sont représentatives des discriminations vécues par les personnes portant un nom et prénom à consonance africaine dans leur ensemble. Source : Institut des Politiques Publiques
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Sous-représentation dans les postes de direction
En France, les personnes d'origine africaine représentent une part importante de la population. Selon l'INSEE, environ 3,3 millions d'immigrés originaires d'Afrique vivent en France, soit 5% de la population. Lorsqu'on inclut leurs descendants, cet ensemble atteint environ 7 millions, soit 10% de la population française. Bien que l'on retrouve dans ce groupe une proportion convenable des cadres en France (entre 10 et 15% des cadres, selon diverses estimations), son accès aux postes de direction reste limité ; les cadres d'origine africaine, immigrés et descendants, sont donc sous-représentés dans les fonctions dirigeantes. En 2024, plus de la moitié des 120 plus grandes entreprises françaises cotées à la Bourse de Paris ne comptaient aucun cadre dirigeant (comités exécutifs et conseils d’administration) issu de la diversité (couleur de peau, nom de famille ou nationalité d'un total de 3 159 membres). Sources : INSEE - Immigrés et descendants d'immigrés ; INSEE - L'essentiel sur les immigrés et les étrangers ; Le Parisien - Des mécanismes systémiques
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Écarts de salaire pour les immigrés d'origine africaine et leurs descendants
En 2021, le salaire net mensuel médian des immigrés âgés de 15 à 74 ans travaillant à temps complet était de 1 700 euros, soit inférieur de 11% à celui des personnes sans ascendance migratoire directe (1 900 euros). Plus précisément, les immigrés originaires d'Afrique percevaient un salaire net mensuel médian de 1 600 euros, tandis que leurs descendants gagnaient 1 740 euros, bien inférieurs aux 1 900 euros des immigrés européens et 1 980 euros des descendants d'immigrés européens. Un indicateur fort des écarts de salaire entre les immigrés d'origine africaine, leurs descendants et le reste de la population. En complément, en s'appuyant sur les données de l'INSEE recueillies sur 14 ans et un échantillon de 260 000 salariés en France, l'Observatoire des inégalités constate qu'à profils comparables (âge, diplôme, classe sociale des parents, région de résidence), un salarié dont les parents sont originaires d'Afrique gagne en moyenne 250 euros nets de moins par mois qu'un salarié dont les parents sont nés en France métropolitaine (jusqu'à 400 euros de moins pour les descendants d'Afrique subsaharienne). À l'inverse, aucune différence notable n'est observée pour les autres origines migratoires (Asie, Europe du Nord/Sud/Est ou Moyen-Orient) sauf pour les salariés dont les parents viennent des Outre-mer (-230 euros), cette dernière catégorie étant utilisée dans le cadre de l'analyse, sans impliquer un statut particulier. Sources : INSEE - Immigrés et descendants d'immigrés ; Observatoire des inégalités - Salaires : les descendants d'immigrés africains et de parents nés outre-mer lourdement pénalisés
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Augmentation des délits racistes
En 2023, la France a enregistré une hausse de 32% des crimes et délits racistes par rapport à l'année précédente, touchant principalement les communautés d'origine africaine. Cette tendance inquiétante se poursuit en 2024, affectant divers secteurs professionnels. Il est important de noter que moins de 10% des victimes d'atteintes à caractère raciste portent plainte. Sources : Le Monde - Le racisme au travail de plus en plus désinhibé ; Ministère de L'Intérieur - Les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux en 2023
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Discriminations dans le milieu professionnel
Une enquête de 2023 a révélé qu'environ un tiers des personnes d'origine africaine en France ont déclaré avoir été victimes de discrimination au cours des cinq dernières années, incluant le monde du travail, un taux qui se maintient à un niveau élevé depuis au moins 15 ans. Dans le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, il est aussi précisé que, cette année-là, la moitié des réclamations reçues pour des discriminations liées à l'origine se sont déroulées dans la sphère professionnelle, tant dans l'emploi privé que dans la fonction publique. Dès 2024, plusieurs associations de lutte contre les discriminations au travail ont signalé une accélération des comportements hostiles associés à l'origine supposée ou à la couleur de peau. Le baromètre international Cegos 2025 "Diversité et inclusion dans les organisations" fait ressortir que la France discrimine un peu moins que la moyenne, sauf sur le critère racial, et que les services RH citent la discrimination raciale comme demeurant l'une des trois formes de discrimination les plus présentes dans les organisations, aux côtés du handicap et du statut socioéconomique. Pour aller plus loin, un rapport de novembre 2024 de l'INSEE indique que les discriminations commencent dès l'enfance, où les descendants d'immigrés non européens rapportent deux fois plus de traitements discriminatoires à l'école que les descendants d'immigrés européens. Sources : INSEE - Le sentiment de discrimination persiste à la deuxième génération ; Le Monde - Le racisme au travail de plus en plus désinhibé ; Le Monde - La France discrimine un peu moins que la moyenne, sauf sur le critère racial
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Faible diversité au sein du gouvernement français
En septembre 2024, la composition du gouvernement français reflétait une faible diversité, avec seulement une ministre et trois secrétaires d'État d'origine africaine sur un total d'environ quarante membres : Rachida Dati, Othman Nasrou, Thani Mohamed Soilihi, et Salima Saa. Le gouvernement Bayrou, nommé en décembre 2024, où plus de la moitié des membres avaient déjà servi dans le gouvernement précédent, semblait présenter une diversité encore plus restreinte dans ce domaine. Cette sous-représentation s'inscrit dans une tendance déjà observée ces dernières années. Sous la présidence Hollande, les gouvernements comptaient de 5 à 7 membres d'origine africaine (soit 15 à 20%), un niveau jamais retrouvé. Depuis 2017, cette proportion se situe plutôt autour de 2 à 5 membres (8 à 12%), en dessous du poids démographique estimé des Français d'origine africaine, souvent évalué à au moins 10% de la population (entre 10 et 20%). Les ministères régaliens - Intérieur, Défense/Armées, Affaires étrangères, Économie, Justice - restent exclusivement confiés à des personnalités non issues de ces "minorités", à l'exception de Rachida Dati et Christiane Taubira qui ont, toutes les deux, occupé le ministère de la Justice. La diversité gouvernementale peut donc être perçue comme une vitrine politique plutôt qu'une réalité ancrée dans tous les niveaux décisionnels. Enfin, les données disponibles convergent vers un même constat : renforcer l'accès des talents issus de l'immigration, notamment africaine, aux cabinets ministériels et à la haute fonction publique. Sources : Jeune Afrique - France : qui sont les ministres et secrétaires d'État d’origine africaine du gouvernement Barnier ? ; Politico - Voici les 35 ministres du gouvernement Bayrou ; Le Monde - Diversité ethnique : le gouvernement Philippe ne fait pas mieux que les précédents
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Chômage préoccupant des immigrés et descendants d'immigrés africains
Le taux de chômage des immigrés originaires d'Afrique en France reste nettement supérieur à celui des autres grandes catégories définies selon l'origine migratoire. De plus, en 2021, le taux de chômage des descendants d'immigrés originaires d'Afrique atteignait 16%, soit plus du double de celui des personnes sans ascendance migratoire directe (7%) ou de ceux originaires d'Europe (7 / 8%). Ces descendants rencontrent ainsi davantage de difficultés sur le marché du travail, affichant des taux de chômage bien plus élevés. Pourtant, à la même période, 12% de la population vivant en logement ordinaire en France métropolitaine étaient des descendants d'immigrés, dont près de la moitié avaient au moins un parent né en Afrique. Ces dernières années (2024, 2025) montrent le même schéma. Ce constat reflète l'importance des liens avec le continent africain, mais aussi un déséquilibre et un potentiel sous-exploité sur le marché du travail. Sources : INSEE - Immigrés et descendants d'immigrés ; INSEE - La diversité des origines et la mixité des unions progressent au fil des générations
Ces statistiques mettent en évidence les obstacles significatifs que rencontrent les personnes d'origine africaine en France dans le contexte professionnel, soulignant la nécessité d'initiatives comme Essitem.
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